“Le saviez-vous” proposé par Vincent Fijalkowski – Mars 2021

འཁོར་བ། (‘khor-ba) qui se prononce “khor wa” en tibétain, fait référence au mot sanskrit saṃsāra (संसार) qui signifie entre autres « l’errance » ou « l’existence cyclique ». Le mot sanskrit trouverait son origine dans la racine saṃsṛ (संसृ), qui signifie « faire le tour », « tourner », « passer par une succession d’états », ou encore « aller vers ». On retrouve par ailleurs cette idée de « tourner » ou de « cyclique » dans le terme tibétain khor wa (འཁོར་བ།) qui peut se traduire littéralement par « tourner en rond ». Ainsi, ce qu’on appelle le saṃsāra désigne dans le bouddhisme l’existence cyclique, le cercle vicieux, la suite de (re)naissance, de vieillissement et de mort, ou, en d’autres termes, la ronde de l’existence.

Lorsqu’on parle de l’existence cyclique, on entend souvent parler de « transmigration » d’une vie à une autre, d’un point à un autre dans les six destinées et les trois domaines. Mais il faut faire attention et bien comprendre, comme le dit Philippe Cornu dans son Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme (p504), « [qu’] il ne s’agit nullement de lieux dans l’univers où vivraient des êtres mais d’états d’existence successifs conditionnés par l’ignorance et le karman subséquent (…) ». Ainsi, les êtres, sous le joug des passions, de l’illusion et de l’ignorance, ne reconnaissant pas la véritable nature des phénomènes, fabriquent, tels un potier, une réalité illusoire, l’entretiennent et errent ainsi dans le cycle des existences : le saṃsāra.

Par chance, une issue à cercle vicieux est possible : c’est ce qu’on appelle la libération, ou le nirvāṇa, l’extinction de la souffrance, l’au-delà de la souffrance qu’on nomme en tibétain « nya ngan lè dè pa » (མྱ་ངན་ལས་འདས་པ་, mya ngan las ‘das pa) et qui signifie littéralement « aller au-delà / transcender (ལས་འདས་པ་ lè dè pa ) la souffrance (མྱ་ངན་ nya ngan). »

Kalou Rinpoché cite les souhaits du Mahamûdra dans son livre La Voie du Bouddha et nous explique comment le saṃsāra se perpétue par l’ignorance et comment il peut prendre fin par la réalisation de sa véritable nature :
« Sa nature non réalisée, l’océan cyclique tourne. Celle-ci étant réalisée, il n’est d’autre bouddha (…) » (p56)